
Située dans les Corbières à Lagrasse, à 35 km de Carcassonne, l’abbaye fut fondée à l’époque Carolingienne, en 779. Depuis, elle traverse les siècles et a subi de nombreux remaniements architecturaux jusqu’au XVIIIe siècle. Il reste aujourd’hui des voûtes gothiques dans l’église abbatiale et dans le dortoir des moines. Lorsque l’on visite l’ensemble de l’abbaye, c’est un cours d’histoire de l’art !
L’abbaye au XIVème siècle
Dans La parallèle de l’Histoire, en 1350, le bâtiment se déploie encore autour d’une basilique romane en forme de croix. Trois chapelles en absidioles rondes sont installées de chaque côté des bras du transept. Le cloître, aux colonnes de pierres grises surmontées de chapiteaux sculptés, soutient la coursive du logis abbatial. Autour d’eux s’articulent la salle capitulaire, le réfectoire, les cuisines, le cellier, la cour de service et les écuries. Enfin, à côté du logis abbatial, se trouvent la tour de guet et l’infirmerie.
L’infirmerie de l’abbaye
Quand on découvre, sur de vieilles chroniques, le régime alimentaire des moines ayant pour base quotidienne du pain et des fèves, on comprend que l’image du gros moine bedonnant ne doit pas être entièrement fausse. Selon les époques et l’exigence de l’Abbé, la discipline peut être rude, avec des prières constantes du petit matin au coucher, et même au milieu de la nuit. Les seuls moines qui peuvent échapper à la discipline et bénéficier d’un régime alimentaire amélioré sont les hommes âgés et les malades.
L’infirmerie est donc simultanément un lieu béni pour le bien-être qu’on y trouve et un lieu de honte car y demeurer, c’est avoir cédé à la faiblesse de la chair. Le moine responsable de l’infirmerie, Frère Anselme dans le roman, a un rôle influent dans la communauté. Chacun est satisfait que le moine médecin du monastère ait beaucoup de connaissances pour soigner ses frères. D’un autre côté, comme tout moine, le responsable de l’infirmerie ne doit pas contrecarrer la volonté de Dieu. Les seuls remèdes ou traitements autorisés sont ceux que l’on trouve dans les livres de la bibliothèque du monastère. Il faudra attendre quelques siècles pour que la science révèle, sans plus de limite dogmatique, les mécanismes du vivant. Au XIVe siècle, on considère que la nature des choses, création de Dieu, ne doit pas être dévoilée.
Il existe un manuscrit très intéressant, La chronique de Philomène, récit épique et romanesque qui raconte la consécration miraculeuse du monastère.